“Espèce de féministe!”… Son cousin le lui avait assené comme-ci c’était l’injure fatale, le coup de grâce qui devait mettre un terme à leur discussion.
En effet, elle était restée bouche bée, prise de court, à le fixer sans savoir quoi répondre. Ebahie. Elle était ébahie. Aujourd’hui encore certaines personnes considéraient qu’être féministe était honteux. Ceci au point de l’utiliser comme insulte.
Pourquoi son émancipation est-elle perçue comme une menace? Une remise en question d’une virilité?
La société, et le couple notamment, vont à volo aujourd’hui essentiellement à cause des femmes, avait-il argué. Vous foutez le souk. Il ya des règles qui ont été établies depuis des siècles. Une femme est sous la responsabilité de l’homme. Quand elle se marie, son père la conduit à l’autel. Il transfère son autorité à son futur époux. Oseraient-elles manquer de respect à leur père, hausser le ton devant lui? “Dans un bateau il ne peut y avoir qu’un capitaine. Et ce n’est pas la femme.” Par ailleurs, quelle égalité souhaitez vous, quand vous attendez encore que l’on vous ouvre la porte.
Face à la conviction de son cousin, Kumba portait sur son visage son aberration. Sérieusement, comment un jeune homme pouvait il encore tenir de tels propos de nos jours. Ils avaient tous les deux côtoyé depuis leur plus tendre enfance des femmes intellectuelles, indépendantes, éduquées, de poigne… et néanmoins il tenait ce discours. Elle ne comprenait pas comment pour lui tout cela faisait sens et pour elle pas le moins du monde.
Le feminisme : differents mais égaux en droits …
Pourquoi était-ce si difficile de comprendre que le féminisme est une lutte pour l’égalité dans un monde où nous sommes tous différents. Hommes et femmes sont différents c’est un fait qu’elle ne souhaitait en aucun cas contester. Et elle ne nourrissait pas non plus l’envie d’être un homme.
Elle aimait les hommes; la force physique qui les caractérise en général, leurs muscles, leur phallus. Elle aimait être dans les bras d’un homme.
Mais en quoi cela va t-il à l’encontre d’une demande d’égalité de parole, d’éducation, de salaire ou même de plaisir. Comment dans son couple ne pouvait elle pas avoir le dernier mot quand elle avait raison, ou même juste croyais l’avoir. Pourquoi cette reconnaissance de sa personne en tant qu’être pensant, intellectuellement articulé, ayant des opinions, des rêves, des désirs et souhaitant les exprimés… s’oppose au fait qu’elle souhaite qu’on lui ouvre ou tienne une porte.
La relation de couple est une relation de partenaires. Il n’est pas question d’avoir l’un sous l’autorité de l’autre. Du moins ce n’est pas une regle. Un bon couple a un mécanisme qui fonctionne. Il peut être inacceptable pour certains mais fonctionner pour ses 2 membres. Chaque couple essaye de trouver son mécanisme, dans lequel chacun se sent épanoui. Dans son couple elle ne se voyait pas comme la mère de son compagnon. Et elle ne souhaitait pas avoir un second père.
Elle voulait d’un homme, de ceux qui ne se sentent pas castrés quand une femme leur tient tête, expriment ses opinions, ses besoins, ses objections, ou ses désirs.
Elle fixa son cousin une nouvelle fois. Cet homme qu’elle trouvait charmant et brillant avait encore cette idée arriérée de la femme et de sa supposée place. Que le ciel la préserve de tomber amoureuse de ce type d’homme, et merci à lui que celui-ci ne soit que son cousin. Elle lui sourit et secoua la tête par dépit.
