Lâcher-prise est-ce abandonner?

Quelqu'un observant un cerf-volant s'envoler

Lâcher-prise … 

Je n’arrête pas de me le répéter: “Lâche-prise, mais lâche donc prise!”. Paradoxalement, je n’ ai pas une idée claire de ce que çela implique. De fait je l’ai associé instinctivement au fait de jeter l’éponge, d’abandonner. 

Ces 3 dernières années, j’ai poursuivi l’avenir que je souhaitais me construire hargneusement. Et j’ai peut-être embrassé trop de choses en même temps. L’ excitation, la sensation que ce que je souhaitais étais définitivement à portée de main, m’a enivrée et je me suis jetée dans tout, tête baissée. 

Il est pourtant important de faire les choses, les unes après les autres. Je l’aurai appris. Du moins je l’espère. Mais quand on a la tête dans le guidon, se dire qu’on doit marquer une pause a quelque chose de très frustrant. 

Je ne me suis donc pas laissée le temps de souffler, et de prendre les choses une à une. Un peu comme une enfant face à un délicieux buffet. Elle se jette sur tout goulument et se retrouve malade par la suite. 

Au final, j’étais un sac de frustration, car à courir après plusieurs lièvres en même temps, ma besace était quasiment vide à l’arrivée. 

BIM ajoutez à cela les effets Covid -19! Le Coronavirus a mis un coup d’arrêt dans le circuit de rotation de la terre. Alors même que le temps, sans considération pour nous, continuait de passer, nous, nous devions tous attendre. 

Forcés de se regarder dans le blanc des yeux, obligés de lâcher-prise.

La peur d’un échec imminent

Pour moi, lâcher-prise, a quelque peu tendance à sonner comme le glas d’un échec à venir , d’un abandon quand tout autour de nous va vite et avance. C’est peut-être la raison pour laquelle, en dépit du fait que je sentais que ma façon de gérer les choses n’était pas probante, ou efficiente, je ne me voyais pas pas faire autrement.

J’ai lu que le fait d’être réfractaire au lâcher-prise est dû à la crainte de perdre le contrôle. Ceci dans un total déni ou juste une ignorance. Oui total déni dans mon cas. 

Ce qui m’ est le plus difficile dans cet état de lâcher-prise c’est la sensation de stagnation qu’il me donne. J’aime être en mouvement, agir, tendre vers un objectif, sentir que je suis au contrôle. Et lâcher-prise implique que je me pose,  que j’appuie sur la fameuse pédale de frein, et arrête de contrôler. 

Je fais partie de ceux pour qui le confinement fut très très très difficile. Et ce n’était pas vraiment d’ être confinée  qui me posait problème. Mais plutôt l’incapacité de pouvoir décider de se mettre en mouvement ou pas. Quand des amis soulignaient le fait incontrôlable même de la situation et qu’il fallait en tirer le meilleur,  moi je m’entendais me dire chaque matin ” il faut que ça s’ arrête , j’en peux plus, j’en peux plus,  j’ai des choses à faire”

 Cette situation  m’a forcée à essayer , et je dis bien essayer, d’évaluer ma situation. Savoir ou j’en suis , ce que je fais mal , comment réajuster ce que je contrôle … 

On manque souvent beaucoup de clairvoyance quand il s’agit de faire face à une situation qui nous concerne. Pour analyser la situation d’un (e) proche, on a une approche claire et raisonnée, avec un plan détaillé d’ actions à prendre. Et quelque fois on a tout bon. Cependant quand on en vient à soi-même. C’est autrement plus difficile. 

Cette distance que nous avons sur les situations des autres, nous n’ arrivons pas nécessairement à la prendre sur les nôtres. 

Lâcher-prise prendre le temps de questionner ses choix ou se mettre carrément en roue libre 

Lâcher-prise ce n’est pas baisser les bras, ou abandonner. Lâcher-prise, c’est mettre le pied sur la pédale de frein et faire un état des lieux. Ca permet de reprendre son souffle, de questionner ses choix … et on n’y est pas toujours prêt. Ca peut permettre également de se mettre en roue libre car on a conscience qu’ à ce stade on n’y peut rien. 

Et puis quand on y réfléchit bien, qu’est ce que ça peut faire si lâcher-prise veut dire baisser les bras? Pourquoi n’abandonnerait-on  pas? pourquoi ne réajusterait-on pas nos objectifs? Peut-être qu’ au final ça va trop vite pour nous, ce n’est pas fait pour nous, on a eu les yeux plus gros que le ventre. 

C’est vrai, aujourd’hui on nous dit de ne pas baisser les bras, d’aller au bout des ses rêves, … on lit plein de mantra ici et là, et les coachs, les gurus du succes, et les influenceurs sont prêts à nous conditionner pour cela. Je ne dis pas que c’est une mauvaise chose. On doit évidemment se donner les moyens d’atteindre nos objectifs. 

Mais je pense qu’il est important d’apprendre à s’écouter. Nos envies peuvent changer avec le temps, et nos rêves aussi. Il faut être franc avec soit même quant à nos capacités,  à notre degré d’envie. Cette dernière nourrira l’investissement qu’on sera capable d’accorder à notre projet. 

Il est important de se déculpabiliser quand -t- on comprend qu’ au final le plan B est la meilleure option pour nous. 

Bien sûr qu’il faut essayer, il faut se battre pour ce que l’on veut et rêve. Néanmoins il est sain d’ avoir conscience de ses limites, et savoir lâcher-prise; soit pour simplement réajuster certains éléments et revenir encore plus fort(e). Soit pour attaquer une nouvelle option.

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