Qui dit communication, dit information… et celui qui détient l’information détient le pouvoir, dit-on.
Patrick Fandio est un français d’origine camerounaise. Il a fait ses études universitaires en France. Nourri par le désir d’une carrière journalistique, il passe par la fac de Nancy, puis l’école de communication et de journalisme nommée Celsa, dépendante de l’université Paris IV – La Sorbonne.
Jeune diplômé, il souhaite travailler à la radio, notamment pour RFI ( Radio Frande Internationale). Mais M. Patrick Fandio deviendra la voix des informations délivrées à chaud, des champs de batailles libyens et en iraquiens entre autres. Grand reporter sur les grandes chaines télévisées françaises TF1 et France 2, il est comme qui dirait; l’exception qui confirme la règle.
Dans une interview accordée au magazine Jeune Afrique, il se souvient : “C’était drôle de voir la réaction des gens sur le terrain. Un journaliste noir en zone de guerre, il n’y en a pas beaucoup. Et un journaliste noir filmé par un caméraman blanc, encore moins. Au début, en Irak, j’étais un peu une curiosité”
Retour aux sources
Apres s’être forgée une réputation et une expérience en béton armé, il prend le risque de quitter l’ Europe pour investir en Afrique.
En 2009 il s’installe en Afrique du Sud et monte la société de production “Impala TV”. Mais le retour en Afrique n’est pas chose aisée, particulièrement quand on souhaite créer et y investir. Après 18 mois il quitte l’ Afrique du Sud pour le moyen-orient, où il travaillera pendant 5 ans.
En 2016, c’est en Côte d’ivoire qu’il pose ses valises et monte une nouvelle société de production ” Hémisphère Media Production Africa”.
Avec Hémisphère Africa, son équipe et lui délivrent de grands reportages pour le magazine d’investigation ” Enquête Afrique” sur Canal+Afrique. Des correspondants sont sur le terrain et alimentent les informations africaines pour les journaux télévisés de TV5 monde, TF1 ou encore ARTE. Avec RTI ( Radiodiffusion Télévisée Ivoirienne) l’entreprise collabore à la formations des journaliste de la rédaction et au suivi éditorial.
La structure a deux bureaux principaux: à Abidjan (Côte-d’ivoire) et à Yaoundé (Cameroun)
En tant qu’acteur actif dans le secteur audiovisuel africain, Hémisphère Africa doit faire face aux mastodontes occidentaux de l’information, qui finiront bien par attaquer d’assauts le marché. Patrick Fandio a à travers ce média la vision d’ une Afrique et des Africains qui écrivent et racontent eux-même leurs histoires.
Le challenge
Quand on est africain et qu’on poursuit ses études en occident, précisément en France, on a le sentiment que certains métiers ne sont pas pour nous. Et l’absence de représentation n’aide pas.
Quelque part on nous fait sentir, à quel point ce sera difficile, voir impossible de s’y imposer. Le droit et le journalisme font partie de la liste de ces métiers. Néanmoins, le parcours de Patrick Fandio nous rappelle que tout est possible.
De nos jour le traitement de l’information est capital. La vitesse à laquelle elle circule et le risque qu’elle soit manipulée ou faussée requièrent son contrôle. Le continent a besoin de plus de reporters, de journalistes, de grands reporters, de sociétés de production audiovisuelle… afin de relater nos histoires, les saluer ou les dénoncer, selon les standards internationaux.
C’est dans ce sens qu’il a affirmé dans une interview donnée à Adweknow (plateforme digitale pour les acteurs de la publicité et des médias en Afrique): “Les Africains doivent pouvoir raconter eux aussi leur histoire à l’Afrique et au monde. Et je ne cesse d’alerter les décideurs, les financiers quand j’en croise, les confrères et collègues sur l’enjeu colossal qui est devant nous. La télévision en Afrique a longtemps été une poubelle pour les programmes occidentaux amortis. Notre génération a subi ça dans les années 80 et 90. Il m’importe que demain des acteurs africains soient au cœur de la production de contenus pour l’Afrique et le monde. J’espère qu’Hémisphère sera l’un d’entre eux…”
Le changement
Malheureusement les médias sont souvent loin d’être un quatrième pouvoir, dans la plupart des pays d’ Afrique, comme ils le sont en occident. De fait, cela force le respect de voir un membre de la diaspora retourner en Afrique et investir dans un secteur aussi controversé que celui de l’information.
M. Patrick Fandio est définitivement une personnalité africaine à connaître et inspirante; Prendre des risques et travailler dur pour ses rêves, c’est ce qu’il m’inspire du moins. Et si nous avons tant soit peu l’ ambition ou le rêve de changer les choses sur le continent, il nous faudra être tout aussi audacieux.
